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Alcool, tabac et drogues

Des substances dangereuses

Le rapport Roques a fait en 1998 un bilan sur l'impact des substances psycho actives telles que tabac, alcool, tranquillisants (benzodiazépines), ecstasy (Psycho stimulant), héroïne, cocaïne et cannabis.

Les niveaux de dépendance, de toxicité et la dangerosité sociale de ces substances y ont été estimés et sont résumés dans le tableau suivant, sous forme de niveaux de 0 (nul) à 5 (très fort).

Ce tableau peut choquer, car la plupart d'entre nous pensent que boire ou fumer un produit (cigarette ou alcool) autorisé est nécessairement moins dangereux que consommer une drogue illégale. Or le tabac et l'alcool tuent à eux seuls cent dix mille personnes chaque année en France, ce qui représente un décès sur cinq.

Alcool Héroïne Cocaïne Psycho
stimulants
Tabac Benzo-
diazépines
Cannabis
Dépendance Physique 5 5 2 2 4 3 2
Psychique 5 5 4 3 5 4 2
Toxicité Neurologique 4 2 4 4 0 0 0
Générale 4 4 4 4 5 1 1
Dangerosité sociale 4 5 5 2 0 2 2
Moyenne 4,4 4,2 3,8 3 2,8 2 1,4

La puissance publique dans un dilemme insoluble

Les revenus pour l'état issus de l'alcool et du tabac sont considérables, ce qui n'encourage pas à lutter trop efficacement pour limiter la consommation. En effet, les taxes sur le tabac ont rapporté 10,9 Milliards d'Euros en 2002. De leur côté, les taxes sur l'alcool ont rapporté 4,9 Milliards d'Euros en 2000.

Les coûts pour la collectivité sont cependant encore bien plus importants. On estime par exemple que le coût social et de traitement de l'alcoolisme était en France de 28,7 Milliards d'Euros, sans compter le coût professionnel (accidents du travail, absentéisme) et le coût des accidents de la route dus à l'alcool.

L'interdiction de la consommation aurait cependant pour conséquence de transférer les revenus de l'alcool et du tabac vers la criminalité organisée, qui vit aujourd'hui largement de l'interdiction des drogues, et aurait donc également des conséquences néfastes.

Qui plus est, l'interdiction pure et simple serait une atteinte aux libertés individuelles, un des principes fondateurs de toutes les démocraties. Elle serait de toute façon peu réaliste pour l'alcool, fortement ancré dans nos traditions, et dont la consommation en quantité raisonnable (pas plus de 3 verres par jour pour un homme, 2 pour un femme selon l'OMS) n'est pas dangereuse pour la santé.

On voit que l'alcool, le tabac et les drogues piègent la puissance publique dans un dilemme profond. Seule une voix médiane consistant à informer le public, limiter l'interdiction aux substances les plus dangereuses (Héroïne par exemple) et à augmenter progressivement les taxes sur les autres produits pour en limiter la consommation, semble raisonnable. Même un excès de taxes suscite l'apparition d'une contrebande et le développement de la criminalité organisée, avec les conséquences que l'on sait en terme de délinquance et d'insécurité.

Comment en sommes nous arrivés là ?

On est donc en droit de se demander, puisque le cannabis est bien moins dangereux que l'alcool et le tabac, quelles sont les raisons de fond de la différence de traitement par exemple entre cannabis et tabac.

Les substances psycho actives sont connues depuis la préhistoire, que ce soit les calmants, les stimulants ou les hallucinogènes. Elles ont joué un rôle dans la plupart des civilisations anciennes. Les recherches archéologiques ont montré l'universalité de leur usage par les hommes préhistoriques, à des fins religieuses, initiatiques, ou thérapeutiques. Des recherches historiques démontrent leur utilisation en Mésopotamie, en Inde, en Perse, en Egypte, en Afrique, en Chine, au Japon, en Europe, et en Amérique précolombienne, entre autres. Leur usage semble avoir été socialement bien intégré et contrôlé, et ne pas avoir donné lieu à des phénomènes de toxicomanie.

Les hallucinogènes en particulier ont fasciné les hommes, car ils produisent des « états modifiés de conscience », que l'on peut d'ailleurs obtenir par d'autres moyens, comme l'hypnose, la méditation, la transe, ou l'isolation sensorielle. Ce type d'expérience est souvent lié à une pratique religieuse, mais également à des expériences artistiques ou au stress (effroi, annonce d'un décès, mort imminente…).

Ces états modifiés de conscience, intégrés par les civilisations anciennes et contrôlés par la tradition, ont été réprouvés sévèrement par le christianisme comme par l'islam. Ainsi, l'islam condamne l'alcool comme toutes les autres drogues, mais est assez tolérant vis-à-vis du cannabis. Les églises chrétiennes, elles, tolèrent l'alcool, qui est intégré au rituel religieux.

L'interdiction des drogues au moyen âge en Europe a été particulièrement féroce. Les consommateurs, si ils étaient découverts, pouvaient être considérés comme des sorciers et torturés puis brûlés.

La plupart des drogues interdites (cannabis, héroïne, opium, cocaïne) ont été découvertes dans des pays conquis par l'occident, où la consommation avait lieu d'une façon traditionnelle et bien contrôlée : feuilles de coca dans les Andes, feuilles de kat en Somalie et au Kenya, de Kola au Togo, rauwolfia serpentina en inde, peyotl ou champignons par les prêtres indiens d'Amérique du nord.

Elles ont alors été transformées, raffinées par des procédés chimiques (par exemple transformation de l'opium en héroïne) et utilisées à des fins médicinales jusqu'à ce que le corps médical se rende compte de leur peu d'intérêt thérapeutique et qu'elles soient interdites.

L'interdiction des drogues en occident a cependant échoué. Leur consommation n'a jamais été aussi importante et répandue, et fait vivre aujourd'hui une mafia criminelle qui n'a pas d'équivalent dans l'histoire.

Une véritable manne pour le crime organisé

Les estimations du chiffre d'affaires mondial des drogues illicites sont très variables étant donné la difficulté de cette estimation, mais le chiffre le plus mentionné et qui se situe dans la moyenne des estimations est de 400 milliards de dollars par an (en 1995).

Ce montant est par exemple pratiquement le double du chiffre d'affaires mondial de l'industrie pharmaceutique (évalué à 233 milliards de dollars en 1993), et environ six fois supérieur au montant total de l'aide officielle au développement des pays pauvres (69 milliards de dollars en 1993).

L'essentiel de ces revenus profitent au crime organisé. L'observatoire géopolitique des drogues estime que la répartition des revenus de la drogue dans le monde est la suivante :

  • Producteurs : 2 à 5 %
  • Transformateurs et intermédiaires nationaux : 15 %
  • Transporteurs et trafiquants internationaux : 26 %
  • Distributeurs dans les pays consommateurs : 54 %

On voit que les paysans producteurs ne perçoivent que quelques pourcents de ce revenu. Par exemple, la table suivante donne le prix estimé en 1999 de l'équivalent d'un gramme d'héroïne pure en dollars depuis un paysan au Pakistan (sous forme de pavot) jusqu'au consommateur au Pakistan, en Europe ou aux Etats-Unis. Elle permet de constater les variations énormes du prix de vente au consommateur en fonction des régions de vente, et confirme l'ampleur des marges générées par le trafic :

Lieu d'achat par le consommateur
Circuit de distribution Pakistan France UK US
Prix de vente paysan 0,4 $ 0,4 $ 0,4 $ 0,4 $
Prix de gros Pakistan 1,4 $ 1,4 $ 1,4 $ 1,4 $
Prix de gros local 1,4 $ 52 $ 71 $ 134 $
Prix au détail local 4,4 $ 92 $ 300 $ 1 190 $

Un trafic de plus en plus organisé

Le revenu de la drogue finance essentiellement les trafiquants, qu'ils soient transformateurs, intermédiaires ou revendeurs. La croissance très forte du commerce des drogues illégales dans les années 80 a fait émerger de véritables multinationales de la drogue, qualifiées de « cartels », qui ont de plus en plus tous les attributs du commerce moderne :

  • division du travail nette entre producteurs, grossistes, intermédiaires, distributeurs
  • employés salariés, management des ressources humaines
  • départements spécialisés
  • actions de lobbying auprès des hommes politiques légaux ou illégaux (organisations politiques insurgées)
  • compétition pour les parts de marché basée sur la violence mais également sur les prix
  • prix de vente très bas pour les paysans producteurs

Ces entreprises emploient souvent des personnes d'une même ethnie, où elles sont très respectées, car étant un des principaux employeurs. La loi du silence protège ainsi le revenu de populations entières. Il paraît dans ces conditions difficile de résoudre le problème sans offrir à ces populations des perspectives économiques de remplacement.

Une plus grande sévérité (comme c'est le cas aux Etats-Unis, où la détention de Cannabis est punie de prison à perpétuité) ne semble pas être « la » solution : elle rend l'approvisionnement plus difficile, faisant monter considérablement les prix mais ne fait que peu diminuer la consommation, tout en permettant aux trafiquants de s'enrichir rapidement et de financer l'extension de leurs réseaux de distribution. Aux Etats-Unis, où le gramme de cannabis coûte au consommateur plus de 1 000 $ contre 90 $ en France, il y a toujours plus de consommateurs réguliers par rapport à la population qu'en France.

Fort impact sur l'économie de certains pays producteurs

La part des revenus de la drogue allant aux pays producteurs est inférieure à 10 %, et souvent à 5 % du chiffre d'affaires de la drogue, mais suffit pour avoir un impact fort sur l'économie de certains. On estime par exemple que les revenus de la drogue en 1999 représentent 6 % du produit intérieur brut au Pérou, 7 % en Colombie, 9 % en Bolivie, et sont de loin la première recette d'exportation de ces pays.

Pourtant, si on se place au niveau des agriculteurs qui participent à cette économie, la culture des plantes servant de base à la fabrication de drogues ne présente pas forcément de grands avantages financiers, la plupart des revenus allant aux trafiquants. Par exemple, la table qui suit montre le revenu brut et net (après déduction du coût de production) pour l'agriculteur de différentes cultures en Thaïlande en 1993 (le niveau 100 correspond au revenu pour la culture de l'opium) :

Culture Revenu brut Revenu net
Riz 11 15
Haricots rouges 17 15
Maïs 17 15
Laitues 86 99
Pavot (Opium) 100 100
Chou rouge 180 224
Tomates 240 248
Pommes de terre 400 373

Ainsi, le programme de remplacement du pavot par des cultures vivrières, et le développement des moyens de communication permettant de transporter ces produits de zones enclavées jusqu'aux villes a-t-il contribué en Thaïlande à réduire la surface de pavot de 12 000 hectares dans les années soixante à 700 aujourd'hui. Il s'agissait pourtant dans ce pays d'une culture traditionnelle depuis 700 ans et à laquelle de nombreux gouvernements thaïlandais avaient essayé dans l'histoire de mettre fin.

Depuis, la plupart des programmes de développement alternatifs, qui ont pour objectifs de développer des revenus alternatifs dans les zones productrices de pavot ou de coca par exemple, ont pour la plupart été des succès importants.

Par exemple, la Bolivie a ainsi réduit de 78 % la culture illégale de Coca entre 1997 et 2000. Des résultats comparables ont été obtenus au Pérou au Pakistan ou au Laos.

La consommation se mondialise

Une autre tendance est la globalisation de la consommation de drogues, qui touche maintenant les pays pauvres tout comme les pays riches, comme le montre la table ci-dessous (nombre de personnes ayant consommé une fois au moins de la drogue illégale dans l'année, en % du groupe d'âge considéré, données 1998-2001). On constate en particulier que le pourcentage d'habitants consommant régulièrement de la cocaïne ou des amphétamines en France est inférieur à la moyenne mondiale, pays du tiers monde compris.

Europe
Drogue Monde Ouest Est France USA
Groupe d'âge (ans) 15 et + 15 et + 15 et + 15-64 12 et +
Cannabis 3,5 % 6,4 % 3,3 % 7,4 % 8,3 %
Amphétamines 0,8 % 0,7 % 0,3 % 0,1 % 0,9 %
Ecstasy 0,2 % 0,6 % 0,1 % 0,2 % 1,6 %
Cocaïne 0,3 % 0,9 % 0,1 % 0,2 % 2,6 %
Opiacées dont héroïne 0,3 % 0,3 % 1,0 % 0,4 % 0,5 %

La prise de conscience individuelle est indispensable

Si la puissance publique se trouve en difficulté pour définir une politique efficace de lutte contre les substances psycho actives, il n'en est pas de même pour l'individu, pour lequel la question des drogues se pose en des termes beaucoup plus simples.

Consommer des substances psycho actives, c'est en effet s'exposer à de nombreux risques (plus ou moins graves en fonction du produit) :

  • risque cardio-vasculaire, de cancer, et d'autres maladies
  • diminution de la forme physique
  • risque d'accidents
  • risque de perte de son emploi et de ses amis (désocialisation)
  • coût de cette consommation, au profit de dealers pour les substances interdites
  • dépendance psychique et physique transformant la personne en « esclave » de la substance

La seule contrepartie à ces risques est le plaisir associé à la consommation. Bien connaître ces risques est en réalité un frein puissant à la consommation. Or les Français sous-estiment gravement la dangerosité de certaines substances psycho actives, et en particulier de l'alcool, du Tabac, des Benzodiazépines, comme le montrent les pages qui suivent.

La diabolisation des drogues, souvent mises « toutes dans le même sac » en est en partie responsable. N'étant pas crédible (les adolescents ayant souvent déjà consommé du cannabis, et ayant constaté par eux-mêmes qu'il ne s'agit pas d'un produit très dangereux), elle discrédite auprès des jeunes les campagnes publiques d'information concernant les drogues, et amènent paradoxalement beaucoup à penser que la plupart ne sont pas réellement nocives.

Cette information s'impose également vis-à-vis des adultes, en particuliers des parents. Effrayés par ce phénomène qu'ils connaissent mal, ils sont bien souvent incapables d'informer leurs enfants ou d'avoir des réactions appropriées en cas de problème.

Alcool, tabac et drogues

--> Le tabac tue la moitiê de ses consommateurs

--> L'alcool : seuil de dangerositê mêconnu

--> L'hêroïne

--> Le cannabis

Sites Web

Institut Suisse de Prêvention de l'Alcoolisme et des Toxicomanies

Mission Interministêrielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (ou Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies)

Office contre la Drogue et le Crime (Organisation des Nations Unies)

EMCDDA : European monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (Observatoire Europêen des Drogues et des Toxicomanies)

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