Sites sur la santê
Prêsentation de l'auteur
Aritma
Contactez moi
|
Constats sur la santé
en France
La France a été classée par l'organisation
mondiale de la santé premier pays au monde pour la performance
de son système de santé. Cette performance est reflétée
par exemple par le fait que les Français ont la plus faible mortalité
des pays de l'Union Européenne à partir de 65 ans.
Pourtant la France est le pays de l'Union Européenne,
avec le Portugal, où la mortalité avant 65 ans est
la plus forte.
La France est également le pays où
les inégalités de santé sont les plus fortes
entre les sexes, les catégories sociales et les zones géographiques.
L'importance de cette mortalité prématurée
et des inégalités de santé met bien en évidence
la forte marge dont nous disposons encore pour améliorer notre
santé.
Excellents soins mais prévention déficiente
Chez les hommes, si aucun décès ne se produisait avant
65 ans, l'espérance de vie dépasserait de 7 ans la
valeur actuelle. Cette mortalité avant 65 ans
(dite « prématurée »), est
largement due à l'insuffisance de la prévention
: consommation excessive de tabac et d'alcool, accidents domestiques
et de la circulation, suicides…
Pendant très longtemps, la politique de santé en France
a essentiellement consisté en une politique d'accès
aux soins, sans véritable politique de prévention.
La France obtient :
- de bons résultats pour les maladies qui peuvent se soigner avec
une bonne chance de guérison, comme les maladies cardio-vasculaires,
- mais des résultats médiocres pour les maladies pour lesquelles
aucun traitement efficace n'existe, et pour lesquelles la prévention
est la meilleure approche, comme la cirrhose du foie, le cancer du poumon,
les maladies respiratoires.
Le peu d'importance accordé à la prévention
en France devient flagrant quand on considère la répartition
des dépenses de santé dans notre pays.
Selon les comptes nationaux de la santé, les dépenses
comptabilisées au titre de la prévention se sont en effet
élevées en 1995 à seulement 2,3 % des dépenses
de santé (18,3 milliards de francs, ou 315 francs par habitant,
pour une consommation totale de soins et biens médicaux en 1995
de 682,3 milliards de francs, soit 11 735 francs par habitant). Ces
dépenses comprenaient des dépenses de prévention
:
- individualisées (14,7 milliards de francs, soit 253 francs
par habitant) :
- médecine du travail (5,8 milliards),
- santé scolaire
(2,7 milliards de francs),
- protection maternelle et infantile (2,1 milliards
de francs),
- toxicomanie, planification familiale, examens de santé,
dépistages, vaccinations (4 milliards de francs).
- collectives (3,6 milliards de francs, soit 62 francs par habitant)
: action et recherche d'intérêt général,
campagnes d'information et d'éducation sanitaire.
Des prescriptions de médicaments parfois irrationnelles
Cette propension à soigner plutôt qu'à prévenir
se traduit également par des prescriptions excessives de médicaments,
y compris dans des cas où elles sont néfastes.
Trop de médicaments prescrits
Notre dépense en médicaments par habitant est 2 fois plus
importante qu'aux Pays-Bas ou en Suède. La France est le
troisième marché mondial du médicament, loin devant
ses voisins.
Notre ordonnance contient en moyenne 4 à 5 médicaments
(0,8 dans le nord de l'Europe).
Chaque année 128 000 personnes sont hospitalisées en France
en raison d'un accident ou un malaise liés à la prise
d'un ou de plusieurs médicaments.
Trop de prescriptions d'antibiotiques
100 millions de prescriptions d'antibiotiques sont délivrées
chaque année en France, soit deux fois et demie plus qu'en
Allemagne. La France détient ainsi le « record »
européen de la consommation d'antibiotiques. La situation
est si préoccupante que l'assurance maladie a lancé
en 2003 une vaste campagne d'information avec comme slogan « les
antibiotiques c'est pas automatique ».
Les bactéries deviennent résistantes
Ce recours excessif aux antibiotiques (par exemple pour soigner des maladies
virales, contre lesquelles les antibiotiques ne peuvent rien) fait de
la France l'un des pays d'Europe où la résistance
des bactéries aux antibiotiques est la plus forte, ce qui augmente
les risques d'échecs thérapeutiques. Par exemple,
en 1999, le taux de résistance des pneumocoques aux pénicillines
atteint 42 % contre 0,5 % en 1984 !
Des patients mal informés
Le problème est dû en bonne partie à un manque d'information
des patients (Source : Etude Ipsos réalisée pour l'assurance
maladie entre mars et juin 2002 auprès de 1000 patients et 800
médecins) :
- Seuls 30 % des patients savent que les antibiotiques n'agissent
que sur les bactéries.
- 35 % n'ont jamais entendu parler de résistance
des bactéries (les bactéries résistantes aux antibiotiques
sont sélectionnées quand nous prenons un antibiotique,
et à la prochaine infection elles sont plus résistantes).
- 64 % pensent que les antibiotiques accélèrent
la guérison, quelle que soit l'infection (seules les affections
bactériennes sont concernées).
- 39 % croient que les antibiotiques font baisser la fièvre
(ce qui est faux).
- 19 % arrêtent le traitement quand les symptômes
disparaissent (alors qu'il est essentiel d'éliminer
totalement les bactéries responsables, sous peine d'un
risque de redémarrage de l'infection et de résistance
accrue lors des futures infections).
- 12 % déclarent avoir déjà pris des antibiotiques
sans prescription médicale (alors que pour chaque infection bactérienne
l'antibiotique approprié peut être différent).
Trop de prescription de tranquilisants
Nous sommes également parmi les premiers consommateurs mondiaux
(par habitant) de « tranquillisants », malgré
leurs effets néfastes bien connus (dépendance, risques d'accidents
de la route). Nous en consommons par exemple 3 fois plus que les Britanniques.
De trop fortes inégalités d'espérance de
vie
Les inégalités d'espérance de vie entre sexes,
catégories sociales ou régions sont plus fortes en France
que dans les autres pays Européens :
- écart de 7,5 ans entre hommes et femmes
- écart de 6 ans pour les hommes à 35 ans entre cadres
/ professions libérales et ouvriers non qualifiés
- écart de 5 ans entre les hommes du Nord-Pas-de-Calais et de
la région Midi-Pyrénées
Le développement considérable de l'offre de soins
et les progrès dans son accessibilité au cours des vingt
dernières années n'a pratiquement pas réduit
les inégalités de santé en France.
En cause : un manque d'information et d'éducation
On attribue ces inégalités à l'environnement,
aux conditions de travail, aux modes et aux cadres de vie qui sont essentiels
pour la prévention des maladies et des accidents.
Ces éléments sont pour l'essentiel de la responsabilité
de chacun de nous, et non de celle de l'état. Le rôle
de l'état, dans ce domaine, devrait consister essentiellement
à informer les Français par tous les moyens disponibles,
ce qu'il ne fait pas de façon satisfaisante :
- L'enseignement de la santé à l'école
est insuffisant. Pourtant quel meilleur bagage offrir à un enfant
que de lui faire comprendre comment préserver son capital santé
au cours de sa vie ou lui enseigner les gestes de premiers secours qui
lui permettront peut-être plus tard de sauver une vie ?
- Alors qu'on sait que la prévention peut avoir un impact
aussi fort sur notre espérance de vie que les soins, un pourcentage
ridicule des dépenses de santé est utilisé en France
pour l'information du public afin de rendre possible une prévention
efficace
Ce constat sur la singularitê de notre pays en matière de santê rend ce livre d’autant plus indispensable.
Le dêfaut d’information : une hêcatombe
silencieuse
Le défaut d'information et de formation des Français
sur les moyens de prévention les plus efficaces et les premiers
secours est chaque année à l'origine d'un grand
nombre de morts.
Cet état de fait est inégalement relayé par les
médias, qui insistent sur les causes de décès
les plus spectaculaires, comme par exemple lors de la crise de
la « vache folle », mais ignorent le plus
souvent les causes principales contre lesquelles nous devrions
nous mobiliser.
De son côté, le système public Français dépense
très peu pour la prévention et ne compense pas le manque
d'information de la part des média privés.
C'est donc une véritable hécatombe silencieuse qui
a lieu chaque année en France. Pour ne citer que les causes des
décès les plus nombreux que nous pourrions éviter,
le tabac tue soixante mille Français chaque année, l'excès
de poids cinquante cinq mille, l'alcool cinquante mille, la pollution
atmosphérique trente et un mille.
Les progrès à faire sont énormes
Les études sur les connaissances et les perceptions en matière
de risque montrent l'étendue des progrès que nous
avons à faire dans ce domaine, à la fois collectivement
et individuellement. Elles montrent par exemple que :
- Les fumeurs sous-estiment lourdement les effets néfastes du
tabac. Par exemple, 30 % des fumeurs croient que fumer ne diminue
pas l'espérance de vie, et la plupart ne savent pas que
le tabac augmente les risques cardio-vasculaires, les cancers de l'estomac,
de la vessie ou du rein.
- La croix rouge Française estime que 10 000 vies pourraient
être sauvées chaque année si 20 % des Français
connaissaient les gestes d'urgence. Malheureusement, moins de
7 % des Français sont formés aux premiers secours.
- Selon le « baromètre santé 2000 », les
accidents de la circulation sont le risque de santé le plus craint
par les Français (avec 62.9 % des réponses). Pourtant,
les accidents de la circulation ne font « que »
8 000 morts par an en France, contre 60 000 pour le tabac,
55 000 pour l'obésité, 45 000 pour l'alcool,
18 000 pour les accidents domestiques. Par contre, les mauvaises
habitudes alimentaires ne sont redoutées que par 33,2 %
des Français, alors que l'obésité, les maladies
cardiovasculaires et les cancers qui en résultent causent au
moins 72 000 décès évitables chaque année.
Sites Web
OMS : Organisation Mondiale de la Santê
Bibliographie
[Hcs02] |
« La
santê en France 2002 », rapport du Haut Comité
de la Santé Publique, Ministère de l'Emploi
et de la Solidarité, 2002, 153 pages.
|
[Bs95 à 02] |
« Baromètres
Santê» Institut National de Prévention et d'Education
pour la Santé (INPES), anciennement CFES, 1995 à 2002.
|
[Mat01] |
« La
dêcision publique face aux risques », Rapport du
séminaire "Risques" animé par Michel Matheu,
Commissariat général au plan, Mars 2001.
|
[Ass01] |
« La mortalitê chez les jeunes »,
Jean-Pascal Assailly, Puf, 2001
|
[Aip99] |
« Une
sociêtê pour tous les âges », Rapport du comité
de pilotage de l'année internationale des personnes
âgées, Septembre 1999.
|
[Gui99] |
« Vieillir
en France : Enjeux et besoins d'une nouvelle orientation de la politique
en direction des personnes âgêes en perte d'autonomie »,
Rapport au premier ministre, Paulette Guinchard-Kunstler, Juin 1999.
|
[Onp98] |
« Etude
de la prescription et de la consommation des antibiotiques en ambulatoire »,
Agence du Médicament - Direction des Etudes et de l'Information
Pharmaco-Economiques - Observatoire National des Prescriptions et
Consommations des Médicaments, Mai 1998.
|
[Msm97] |
« Les
reprêsentations sociales des effets secondaires des anxiolytiques
: une êtude comparative Quêbec -France », rapport
de recherche du programme « Médicaments et santé
mentale » de la mission interministérielle recherche
expérimentation / Université de Montréal, centre
de recherche en économie de la santé, Décembre
1997.
|
[Onp98] |
« Etude
de la prescription et de la consommation des antidêpresseurs en
ambulatoire », Observatoire National des Prescriptions
et Consommations des Médicaments, Agence Française
de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
(anciennement agence du médicament), Juillet 1998.
|
[Cna02] |
« Le
mêdicament dans tous ses êtats », dossier Caisse
Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés
(CNAMTS), Ameli, Novembre 2002.
|
[MS] |
« Mêdicaments
psychoactifs », dépliant du ministère
de la santé, mission interministérielle de lutte contre
la drogue et la toxicomanie.
|
[Niz97] |
« La
mortalitê par tumeur en France au tournant des annêes quatre vingt
dix », Population & Sociétés (Revue
bimestrielle de l'institut national d'études
démographiques – INED) N°3, Mai-Juin 1997, Alfred
Nizard.
|
[Coc03] |
« Rapport
de la commission d'orientation sur le cancer », remis
au Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées
et au Ministre délégué à la Recherche
et aux Nouvelles Technologies, 16 Janvier 2003.
|
[Gnt03] |
« Analyse
des connaissances disponibles sur des problèmes de santê sêlectionnês,
leurs dêterminants, et les stratêgies de santê publique. Dêfinition
d'objectifs. », Direction Générale
de la Santé, en collaboration avec l'INSERM, Rapport
du Groupe Technique de Définition des Objectifs (GTNDO),
10 Mars 2003.
|
[Ads02] |
« Prêvenir
les maladies cardio-vasculaires », ADSP, n°41,
décembre 2002.
|
[Cre99] |
« Rêgulation
du système de santê », Rapport du Conseil d'Analyse
Économique, coordonné par Michel Mougeot, CREDES,
Direction de la Prévision, INSEE, La Documentation Française,
Paris, 1999.
|
[Pre79] |
« Manuel
d'analyse de la mortalitê, Evolution et structure de la mortalitê »,
Organisation Mondiale de la Santé, Institut National d'Etudes
Démographiques (INED), Roland Pressat, Alain Monnier &
Alfred Nizard, 1979.
|
[Niz97'] |
« Les
trois rêvolutions de la mortalitê depuis 1950 », Population
et Sociétés (Bulletin d'information de l'Institut
National d'Etudes Démographiques - INED), Numéro
327, Alfred Nizard, Septembre 1997.
|
[Oms02] |
« Rapport
sur la santê dans le monde 2002 : Rêduire les risques et promouvoir
une vie saine », Organisation Mondiale de la Santé,
2002.
|
[Hcs02'] |
« Recueil
des principaux problèmes de santê en France », Haut
Comité de la Santé Publique, Décembre 2002.
|
[Got01] |
« Risquer sa peau avec l’amiante, le tabac, les vaches folles, l’alcool, les voitures, le sang, la pollution, la suralimentation, la sêdentaritê… », Claude Got, Bayard,
2001
|
[Sab02] |
« Toujours Jeune ! : Changez votre style de vie pour que tous vos annêes soient belles », Patrick Pierre Sabatier,
Robert Laffont, 2002
|
|