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Vivre longtemps en bonne santé |
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La restriction calorique
augmente la durée de vie maximale
Une grande variabilité entre espècesLa durée de vie maximale (durée maximale de vie constatée pour cette espèce) est extrêmement variable selon les espèces animales. Elle va d'un mois pour certaines mouches, à 300 ans chez certaines tortues. La longévité maximale constatée pour l'homme est de 122 ans (Jeanne Calment). Mais à quoi est donc due cette différence énorme entre les durées de vie maximales des espèces ? Et existe-t-il des moyens de l'augmenter ? La restriction calorique avec nutrition optimaleAugmentation de la durée de vie des rongeursEn 1935 une étude scientifique révolutionnaire démontra que les rats vivent plus longtemps quand on restreint le nombre de calories qu'ils consomment que quand on les laisse manger à volonté [Cay35]. Et non seulement cette « restriction calorique » augmente la durée de vie moyenne des rats, mais surtout elle augmente leur durée de vie maximale. Cependant cet effet est démontré à condition que la nourriture des animaux soit équilibrée, et donc contienne les nutriments dont ils ont besoin (sans quoi ils risquent des carences nutritionnelles). La mode n'étant pas aux régimes comme aujourd'hui, cette découverte scientifique pourtant sensationnelle n'a pas laissé beaucoup de traces dans les média et est restée largement inconnue du grand public. Les scientifiques ont conclu que l'on ne pouvait pas recommander à l'homme la restriction calorique, bien qu'elle lui fut bénéfique, car qui accepterait de restreindre volontairement son alimentation ? Depuis lors, il a été démontré sur toutes les espèces animales sur lesquelles l'expérience a été testée que la restriction calorique avait le même effet, en particulier sur les guppies, les araignées, les mouches, les hamsters, les souris. Mais aujourd'hui encore, malgré les preuves qui s'accumulent, les publications sur ce sujet sont empreintes de l'idée reçue selon laquelle on ne saurait recommander à l'homme la même modération dont on peut prouver qu'elle est bénéfique aux animaux. Certaines publications prétendent que les hommes ne suivent de toute façon pas les recommandations de cet ordre, et que la seule solution serait de trouver un produit, une substance ayant les mêmes effets sur la santé que la restriction calorique. En moyenne chez la souris, une restriction du nombre de calories depuis la naissance (voir graphique page suivante) :
C'est presque incroyable, et pourtant de nombreux travaux effectués indépendamment attestent des mêmes résultats !
Des études plus approfondies ont montré que, si la même restriction calorique est commencée au milieu de la vie, le gain en espérance de vie est moitié moindre, mais toujours le même en pourcentage par rapport à la durée de vie restante. Mais ceci à une condition essentielle : si la restriction calorique a lieu au milieu de la vie, elle doit être menée très progressivement, sans quoi on n'en constate pas les bénéfices. Tout se passe comme si l'organisme avait besoin de temps pour modifier son métabolisme, et s'adapter à la nouvelle situation, et qu'un choc brutal ne permettait pas cette amélioration remarquable de l'espérance de vie. Si ce que l'on constate sur la souris s'applique également à l'homme dans les mêmes proportions (et l'on verra plus tard pourquoi on peut penser que l'effet existe sur l'homme, bien que son ampleur ne pas certaine), un Français de 38 ans (donc au milieu de sa vie) qui appliquerait progressivement une restriction calorique de 40 % pourrait gagner 15 ans d'espérance de vie par rapport à une alimentation sans restriction. L'enjeu est tel qu'il mérite bien que l'on en parle plutôt que d'avoir depuis soixante ans gardé un quasi silence médiatique et médical sur cette découverte fondamentale. On ose à peine imaginer les millions d'années de vie perdues du fait du silence médical « assourdissant » sur cette question. Votre médecin généraliste vous a-t-il dit un jour à l'occasion que probablement vous pourriez gagner une bonne dizaine d'années d'espérance de vie non pas en consommant plus de médicaments, mais simplement en restreignant le nombre de calories de votre alimentation ? Je vous parie que non… Et pourtant la restriction calorique fait partie des traditions de notre société. La gourmandise (et donc la consommation « à volonté » de nourriture) n'est elle pas considérée comme un péché capital par le christianisme ? Cela est plutôt encourageant et nous indique que le public n'a pas de raison de réagir négativement par rapport à la révélation de cette découverte scientifique essentielle. Mais, pourrait-on objecter, des données sur les souris sont insuffisantes. Les souris et les rats sont souvent utilisés pour expérimenter de nouveaux médicaments, car leur physiologie est proche de celle des humains. Ils souffrent de beaucoup des maladies de l'homme (cancers, maladies cardio-vasculaires par exemple), mais vivent beaucoup moins longtemps. Cela rend l'expérimentation pratique. Mais on peut reprocher aux résultats obtenus sur les rongeurs que leur durée de vie étant faible, les conclusions sur l'homme pourraient être fort différentes. Les études sur les singesLes singes sont les animaux les plus proches de l'homme. Ils partagent avec nous l'essentiel de leur patrimoine génétique. Pour l'essentiel, ils souffrent des mêmes maladies que nous associées au vieillissement. Ils ont également une durée de vie longue (40 ans par exemple), qui se rapproche de celle de l'homme. Une démonstration de l'allongement de la durée de vie sur des singes peut être considérée comme démontrant de façon quasiment certaine que la même chose est possible sur l'homme. Les études en cours concernant la restriction calorique de singes ne sont pas encore terminées, étant donné la durée de vie des singes, qui est d'une quarantaine d'années. Elles ont démarré dans les années 80, et donnent déjà des résultats intermédiaires très convaincants. Elles montrent que la restriction calorique sur les singes rhésus produit des résultats similaires du point de vue physiologique que sur les souris. Le « National Institute of Health » constate par exemple dans ses travaux que les variables physiologiques suivantes changent lors de la restriction calorique, de la même façon sur les singes que sur les rats. Les chercheurs constatent en particulier comme sur les rats : Une diminution de :
Une augmentation de :
Pas de modification de :
Pour résumer, les singes (comme les rats) sous restriction calorique sont plus actifs (meilleure motricité), ont de meilleurs taux d'hormones diminuant avec l'âge (hormone de croissance), pèsent moins et sont moins gras, ont moins de signes de maladies à venir (glucose, insuline…), ont une température du corps moins élevée. Leurs plaies guérissent aussi vite, les tumeurs quand ils en ont ne se développent pas plus rapidement, ce qui semble indiquer que leur organisme n'est nullement affaibli. D'autre part, bien que l'expérience ne soit pas terminée, on constate que les singes sous restriction calorique ont moins de diabètes et d'arthrites, et un déclin moindre de la mélatonine et de la DHEA, deux hormones qui déclinent avec l'âge et sont des marqueurs essentiels du viellissement. Et pour l'espèce humaine ?Les habitants de l'île japonaise d'Okinawa sont le peuple qui a la durée de vie moyenne la plus longue dans le monde, et la proportion de centenaires la plus élevée. Les données sur la longévité des habitants d'Okinawa sont très fiables, dans la mesure où chaque ville, et village dispose depuis 1879 de son système d'enregistrement de l'état civil. On est certain du fait que la longévité des habitants provient de leur style de vie et non d'avantages génétiques, car on constate que les habitants ayant quitté l'île ne bénéficient pas de la durée de vie allongée des habitants resté sur l'île.
D'après « Centenarian okinawan study » L'espérance de vie des habitants d'Okinawa en 1996 (source : OMS) était de 81,2 ans, avec des taux de mortalité ajustée à l'âge les plus bas du monde pour les catégories de maladies les plus mortelles, comme le montre la table précédente qui compare des donnée pour des pays à haute espérance de vie. En 2001 une proportion de 10 centenaires pour cent mille habitants était considérée comme normale dans la population des pays développé. Or Okinawa comptait 427 centenaires pour 1.27 Millions d'habitants, soit une proportion plus de trois fois plus élevée. Le solde migratoire de l'île est stable (pas plus d'immigration que d'émigration) et la fertilité est plus élevée qu'au Japon, ce qui fait que l'on ne peut pas attribuer cette proportion à un exode ou un manque de jeunes. Or les habitants d'Okinawa consomment 40 % moins de calories que les Américains, et 17 % moins que les Japonais. Les habitants pratiquent traditionnellement une forme de restriction calorique, la coutume du « hara hachi bu » qui signifie « ne manger que jusqu'à être 80 % plein ». L'influence de modes de vie extérieurs a cependant fait diminuer depuis une quinzaine d'années la différence d'espérance de vie entre les habitants de l'île et les autres Japonais. La quantité de calories consommées par les enfants d'Okinawa est même inférieure de 36 % à la quantité recommandée par le ministère de la santé Japonais. Et les habitants d'Okinawa restent physiquement actifs, ont une nutrition de très bonne qualité (en particulier une forte consommation de fruits légumes, et peu de graisses dans l'alimentation). On voit que toutes les conditions de la restriction calorique (peu de calories, bonne nutrition) sont remplies, et c'est la raison pour laquelle de plus en plus de chercheurs retiennent maintenant cette hypothèse comme la plus probable pour expliquer la longévité exceptionnelle des habitants d'Okinawa. Quelques autres données comparatives sont très intéressantes, en particulier :
D'après « Centenarian okinawan study » Les genes sirtuinsMais que savons-nous réellement du mécanisme de ce phénomène de restriction calorique ? Les chercheurs pensent aujourd'hui que la durée de vie maximale des humains et de toutes les espèces est régulée génétiquement. On sait par exemple aujourd'hui que la restriction du nombre de calories consommées active chez l'homme le gène « SIRT1 », augmentant ainsi la durée de vie maximale l'homme (« SIR » pour « silent information regulator proteins »). Mais de nombreux autres gènes sont probablement en cause dans le phénomène du vieillissement. Le premier gène ayant un effet sur la longévité (dit « sirtuin »), a été découvert en 1989, sur un ver (Caenorhabditis elegans). Mais les progrès les plus intéressants sont extrêmement récents. Plus de dix gènes contrôlant l'espérance de vie de C. elegans ont été ainsi identifiés ces dernières années. Ils peuvent aller jusqu'à quadrupler l'espérance de vie de ce ver (qui est normalement de 20 jours seulement). Ces découvertes sont très récentes, mais elles montrent que la science avance dans le sens d'une meilleure compréhension des mécanismes du vieillissement, et pourquoi pas un jour vers des moyens concrets de le ralentir, autres que la restriction calorique. Le resvératrol : une voie de recherche récenteUne découverte récente [How03] montre que le resvératrol, un anti-oxydant présent dans le raisin, a sur la levure le même effet d'allongement de la durée de vie maximale que la restriction calorique. Le resvératrol active dans la levure un « gène de longévité », augmentant sa durée de vie jusqu'à 80 %. Ce gène est le même que celui activé par la restriction calorique, et les effets du resvératrol sont similaires sur la levure à ceux de la restriction calorique. Sur une culture de cellules humaines, le resvératrol active le gène SIRT1 et permet à 30 % des cellules humaines irradiées par rayons gamma de survivre contre 10 % pour les cellules non traitées. Une des causes connues du vieillissement et de la mort est que les cellules les plus âgées perdent leur capacité à répliquer parfaitement l'ADN. Les « erreurs » d'ADN s'accumulent et permettent que de petits morceaux d'ADN se reproduisent, créant des débris d'ADN qui peuvent finalement empêcher une cellule de fonctionner. Le resvératrol réduit la fréquence des débris d'ADN de 60 % en stimulant le gène SIRT1. Il est donc bien trop tôt pour tirer une quelconque conclusion, concernant l'opportunité pour l'homme de traitements au resvératrol, mais ces recherches récentes montrent bien que la recherche progresse dans ce domaine et que progressivement vers une compréhension des mécanismes génétiques du vieillissement.
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